dimanche 17 février 2008

Un samedi chargé d'émotions!

Je sens que ça va être TRÈS long…

Aujourd’hui dimanche, j’avais prévu aller à Québec pour me changer les idées et passer du temps avec ma filleule. Après ma journée d’hier, je n’en ai plus envie. Plutôt, je n’en ai plus la force. Il y avait longtemps que je n’avais pas vu autant de gens dans une même journée! J’en suis épuisée… Non pas que ce fût une mauvaise journée. Elle a simplement été TROP riche en émotions.

J’ai partagé mon après-midi avec de merveilleuses mamans; des mamans qui, comme moi, sont en deuil. Des mamans les bras vides mais le cœur rempli d’amour pour leur(s) enfant(s) parti(s) trop tôt. Des mamans qui comprennent ma douleur, mes angoisses, mes craintes, mes réactions. Des mamans qui ne me jugent pas. Ça fait du bien de pouvoir parler de ma fille aussi librement, de montrer avec fierté les photos de ma fille sans crainte de choquer. Pourquoi faut-il nécessairement (ou presque, il y a heureusement quelques exceptions) que des parents soient passé par là pour que nous puissions partager les souvenirs de notre fille? Tout nouveau parent est fier de son enfant, et nous n’en faisons pas exception!

Ce dîner terminé, il est maintenant près de 5 heures (oui! oui!) et ma journée ne fait que commencer. Nous avons un party dans la soirée, Vincent et moi. Je suis un peu nerveuse car il y aura beaucoup de monde. Du monde que ça fait longtemps que nous n’avons pas vu. Du monde qui savent (ce qui est arrivé), mais qui ne savent pas (que dire? Que faire?).

Quelle soirée! Nous avons eu droit à tout :

- De vraies perles qui viennent vers nous et n’ont pas peur de la réponse lorsqu’ils nous demandent comment ça va, qui nous écoutent, sont touchés et savent qu’il vaut parfois mieux se taire que de dire des niaiseries. MERCI!

- Des gens très sensibilisés à notre peine et qui se sentaient coupables de ne pas avoir été plus présents pour nous depuis le décès de Lili-Jeanne. (Seront-ils plus présents maintenant que la glace est cassée?)

- Des gens qui sont touchés, mais qui eux ont oublié qu’il vaut parfois mieux se taire que dire des niaiseries… mais comme ils sont tristes pour nous et que c’est évident, on va appeler ça des maladresses plutôt que des niaiseries.

- Des gens qui font comme si rien ne s’était passé.

- Des gens qui ont tellement peur de l’Émotion (oui, oui, avec un grand É), qu’ils transforment tout à la blague même si c’est de très mauvais goût.

- Des gens qui nous évitent, carrément et effrontément.

- Et d’autres, vers qui moi-même je suis allée, croyant qu’ils étaient aptes à discuter avec moi malgré cette épreuve. Je me suis trompée car finalement, ils étaient complètement désemparés devant moi, leurs yeux exprimant clairement : « Va-t-en, je sais pas quoi te dire! » et leur bouche me relatant les derniers déboires de dame nature côté météo.

- De vraies perles qui viennent vers nous et n’ont pas peur de la réponse lorsqu’ils nous demandent comment ça va, qui nous écoutent, sont touchés et savent qu’il vaut parfois mieux se taire que de dire des niaiseries. MERCI! (Je sais, je me répète, mais je voulais finir sur une note positive).

Lorsque je dansais, que nous nous amusions Vincent et moi, je sentais les regards posés sur nous, j’entendais presque (la musique était très forte! Ha!ha!ha!) les gens autour de nous se dire : « Regarde-les, ils s’amusent après ce qui s’est passé… » Pour la plupart, je sais que s’ils l’ont pensé, c’était simplement parce qu’ils étaient contents que nous réussissions à avoir du plaisir malgré ce qui s’est passé. Mais pour d’autre, c’est du jugement dans le genre : « ben là ils en ont pas tant que ça de la peine, regarde-les! » Comme si nous devions TOUJOURS être effondrés pour prouver aux gens que nous avons de la peine et que nous aimons notre fille. Et ça, ce n’est pas la première fois que je sens ce regard de jugement sur moi parce que je m’amuse un tant soit peu après un deuil. Je me rappelle si clairement les yeux de certaines personnes que je croisais dans les bars après le décès d’Éric : « Qu’est-ce qu’elle fait là, elle? Son chum vient de mourir! »

D’ailleurs, à ce sujet, j’ai remarqué que A- Si nous parlons de notre tristesse, si nous osons répondre que non, nous n’allons pas bien, aussitôt la réponse de l’interlocuteur ressemblera à ça : « Ben là, revenez-en un moment donné… ». Et de l’autre côté, B- si nous semblons bien aller cette journée-là, alors là l’interlocuteur (qui peut être exactement la même personne qu’énoncé en A-) se dit : « Ben coudon, elle vient de perdre sa fille pis elle a même pas de peine? » Et, bien entendu, pour l’interlocuteur en question, si un jour je vais bien, il est indéniable qu’à l’avenir, j’irai de mieux en mieux et qu’il n’y a plus aucune chance que je réponde un « Pas vraiment bien… » hésitant à son prochain « Comment ça va? »!!!!!!!

Je veux aussi vous raconter une merveilleuse anecdote qui s’est déroulée hier soir. Il y avait, parmi la foule de gens présente, un quelqu’un que je n’avais pas vu depuis plus d’un an. Appelons-le, dans les circonstances, Monsieur Sans Cœur (et que certains d’entre vous le reconnaisse je m’en BEEP). Vous constaterez rapidement que ce petit nom affectueux lui va à ravir… Alors voilà, Monsieur Sans Cœur arrive et interrompt une conversation pour me saluer et m’étaler son gros bonheur. En effet, il pue le gros bonheur à plein nez!

- Ça fait longtemps qu’on t’a vu.

- Ouais ben j’ai pas sauté l’été passée parce que j’suis rendu avec un p’tit gars de 9 mois!

- Félicitations!

Je comprends alors pourquoi il a ce smile dans face littéralement fendu jusqu’aux oreilles. Non mais c’est vrai, moi aussi j’ai envie de le crier au monde entier que je suis devenue maman (est-ce que les gens ont envie de l’entendre ça c’est une autre histoire)! Puis, pour lui faire comprendre de ne pas trop s’étendre sur le sujet, que ça ne me le dit pas PANTOUTE d’entendre les gagagougoux d’un papa-paon tout neuf, je lui demande s’il savait ce qui nous était arrivé à Vincent et moi. Car je lui ai bien sûr accordé le bénifice du doute. J’ai bien fait car il n’en savait rien. Mais là, il me lâche un simple et banal : « Ouin ben ça arrive… »

Euh…. Non! Ça n’arrive pas justement! T’en connais beaucoup toi des gens dont le bébé est mort à 39 semaines de grossesse sans raison médicale, aucune? Il y en a oui, Lili-Jeanne en est la triste preuve, mais de là à banaliser avec un simple « Ouin ben ça arrive… » Et moi, sous le choc total de sa froideur, je perds le fil quelques secondes… Quand je reviens à moi, j’ai la photo de son fils à 2 pouces du nez! Malgré cela, je réussis à lui dire qu’il a un beau petit bonhomme, encore sous le choc du TON de ce qu’il vient de dire – si le Petit Larousse était en audio, c’est probablement ce qu’on entendrait pour la définition de ce mot qui est de mon humble invention : Je-m’en-fou-car-moi-je-suis-heureux-moi-bon – et de CE qu’il vient de dire. Mais ce n’est pas tout…

Monsieur Sans Cœur semble croire que ça ne suffit pas à me faire comprendre que ce que nous vivons, il n’y a rien là. Il a joute : « Ben tsé, c’est ben mieux que ça arrive là que après! » Après… après quoi? *$%* Et là, pour poursuivre cette croustillante anecdote, je ne sais plus quels mots utiliser car je vous jure que ceux qui me viennent en tête pourrait choquer certaines personnes.

J’ai à peine le temps de balbutier maladroitement un « Ben c’est pas de même qu’on voit ça ben ben. Pour nous présentement, dans notre douleur, on se dit que si au moins elle avait vécu quelques jours après sa naissance, ça aurait été du temps de plus passé avec elle – euh…non mais pourquoi je perdais mon temps avec lui, à lui expliquer, à lui JUSTIFIER notre douleur!? - et là mon chum arrive, Monsieur Sans Cœur répète son petit numéro de TADAM-tchèque-mon-gars et garoche la dite photo aux yeux de mon chum. J’en profite pour me faufiler prétextant avoir vu une amie arriver. Et il était temps! Est-ce que j’avais besoin d’en entendre davantage? J’ai eu quelques remords quand j’ai vu mon chum pogné en tête à tête avec ce clown, mais il m’a dit qu’en changeant de sujet, ça n’avait pas été trop pénible. Ouf…

… Je vous l’avais dit que ce serait long!

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Monsieur SansCoeur est un espèce de... moi aussi je vais m'abstenir dire les noms qui me passent car ils sont quelques peut... vulgaire!!
Bref Marie-Ève, tu as très bien choisi son pseudo!!
Franchement, méchant épais!(pour être polie)
Jacinthe xxx

Kiwi a dit…

Le manque de sensibilité des gens peut être incroyable par moments! Je peux bien croire qu'on ne sait pas toujours quoi dire devant les dures épreuves que peuvent vivre les autres, mais c'est quoi, de balbutier un "je suis désolé, je ne savais pas... je ne sais pas quoi te dire" sincère plutôt que de sortir des affrosités cruelles comme ça? C'est tu vraiment plus difficile?

Heureusement que dans la masse, il y a les perles!

nadege a dit…

Tout d'abord je lève mon chapeau aux perles que tu as pu croisé, c'est qU,elle savent nous faire tellement de bien et sont si importante.

Pour Monsieur Sanscoeur, je ne sais comment tu dire ce que je ressent car ces personne qui me semble égocentrique me mette dans un tel état de colère. Comment peut-on dire c'est plate mais sa arrive? Oui sa arrive, mais non c'est pas plate et encore moins mieux là que plus tard. Bref des gens comme lui son mieux d'évité les personnesen deuil et se taire.

Je vous envoie un câlin virtuelle. -xxx-

Marieve a dit…

Merci à vous, MES PERLES!
Marieve XXX