jeudi 31 janvier 2008

Le mur des anges

Le mur des anges, ou les petits amis à plumes de ma petite Lili-Jeanne!

(L'image des anges est un cadeau de Karine, maman de Jean Nicolas, et représente Lili-Jeanne et Jean Nicolas)

15 décembre 2000 / France-Audréanne / Fille d'Évangéline et Daniel

17 mars 2005 - 2 juillet 2005 / Anthonyn Cadieux / Fils de Julie et Éric

29 septembre 2005 / Bébé Ange / Bébé de Stéphanie et Gabriel

15 mars 2006 / Marie-Jeanne Marquis / Fille de Martine et Jonathan

31 mars 2006 - 7 avril 2006 / Maëlie Huard / Fille de Véronique et Steve

21 juin 2006 - 2 juillet 2006 / Anne-Gabrielle / Fille de Marie-Geneviève et Marc-André

4 octobre 2006 - 6 octobre 2006 / Emma S. Bibeau / Fille de Anne et Philippe

29 novembre 2006 / Anaïs / Fille de Véronique et Sylvain

8 décembre 2006 / William / Fils de Katerine et Nguon

15 janvier 2007 / Zoé Dunn-Gagné/ Fille de Stéphanie et Daniel

9 février 2007/ Raphaël / Fils de Julie et Daniel

16 mars 2007 - 18 avril 2007 / Lukas / Fils de Julie-Tania

5 juillet 2007 / Florent / Fils de Chantal et Philippe

13 Juillet 2007 / Eloick Roussel / Fils de Roumy et Pascal

30 août – 1er septembre 2007 / Maxim / Fils de Véronique

2 septembre – 6 septembre 2007 / Julian / Fils de Karina et Marc

13 septembre – 24 septembre 2007 / Jean Nicolas / Fils de Karine et Maurice

15 octobre 2007 / Lili-Jeanne Sabourin / Fille de Marie-Eve et Vincent

1 Novembre 2007 / Naomie / Fille de Sophie et Yannick

19 Décembre 2007 / Loïk / Fils de Katerine et Nguon

26 mars 2008 / Gabriel / Fils de Julie et Daniel

14 août 2008 / Loïk Lavoie / Fils de Mathieu et Geneviève


Une drôle de rencontre

Quand je sors de la maison, je dois être armée! Je dois revêtir mon costume de canard et faire comme si tout me coule sur le dos... Cet après-midi, je suis allée me promener pour faire quelques achats scrapbooking. Je m'y attendais; il y a une jeune maman qui se promène dans les allés avec moi, son petit chéri dans le panier. J'ose à peine le regarder. Un petit coup d'oeil... wow! quelle merveille! Il est magnifique! Maman et son panier finisse par s'éloigner, à mon grand soulagement.

Je remplis mon panier de papiers, de brads et d'oeillets puis je me dirige vers la caisse. Oh! Qui es devant moi? Petit chéri tout endormi. Ce n'est pas la première fois que je vois un petit bébé depuis le départ de ma fille. Ce n’est pas la première fois que je bouille d’envie de parler à la maman. Mais, c’est la première fois que j’ose :

- Je peux te demander il a quel âge?

- 5 mois

Silence… j’hésite…

- Ma fille aurait 3 mois et demi

- Quelle âge elle a?

- Elle aurait 3 mois et demi, mais elle a enfilé ses ailes (je trouvais ça plus jolie et moins brusque que : elle est morte!)

- Excuse! (malaise)

- Non c’est correct…

Silence… elle hésite…

- Ben tu vois lui c’est un jumeau. J’ai perdu son jumeau…

- Ah oui!

Et là, je n’ai plus eu la force de retenir mes larmes. J’étais gênée, au magasin! Elle s’est éloignée et s’est attardé tout près des portes pour habiller son petit trésor. Je suis retournée la voir;

- Tu sais qu’il y a des groupes pour en discuter?

- Ah! Moi je vais bien. Je suis correcte, j’en ai parlé à mon docteur et ça va.

- Ben je connais une maman qui a perdu un jumeau...


Je crois que je l'ai intéresser pendant quelques secondes, mais ça s'est évanoui bien vite!

- Non! non! je suis correcte!

- Ok… ben alors, prends-en bien soin, il est magnifique!

J’ai eu l’air de la choquer, et j’avoue que le choix des mots n’était pas le meilleur! Je voulais surtout dire d’en profiter! J’ai alors un peu mieux compris toutes les maladresses des gens qui me côtoient. Elle a ajouté avant de partir qu’elle le gâtait pas mal.

La conclusion de cette histoire; j’ai bien fait de parler pour une fois. Je n’ai pas eu ces 100 livres supplémentaires sur les épaules quand le bébé est parti. Et quelle coïncidence que cette fille ait aussi perdu un bébé. Je n’en ai pas su plus et j’aurais bien aimé bavarder avec elle, mais à l’évidence, cette envie n’était pas partagée.


mercredi 30 janvier 2008

Quelques extraits de mon ancien blog


14 février – Bébé s’en vient!

Nous avons bravé la tempête (et quelle tempête!) pour aller annoncer en premier à grand-mère Hélène et toute la famille de maman au Sagenay. Arrêts à Québec et Lévis au retour. Puis, souper de famille le samedi suivant avec toute la famille de papa.

Tout le monde est très content de la nouvelle! Grand-mère Hélène, Arrière-Grand-Mère Jeannette et Tante Jocelyne ont versé quelques larmes!

6 avril – Premier rendez-vous chez le médecin

Lundi, le 2 avril 2007: petit coeur de bébé bat vite et fort. Les yeux de Papa Vincent sont devenus immensément grands à l'écoute de ce petit rythme de vie!

12 avril 2007 - Échographie 12 semaines

Aujourd'hui était un grand jour dans la petite vie de bébé Sabourin car il s'est présenté le bout du nez (et tout le reste aussi bien sûr!) à papa Vincent et à maman Marie! Bébé gigote beaucoup! C'est fou! Il nage avec ses petites mains et fait des abdos en envoyant ses petites fesses par en haut de façon tellement rapide que c'est peut-être un hoquet en faite! Mais papa Vincent préfère croire que c'est parce que c’est un/e sportif/ve.

Le petit coeur bat à 161 BPM et bébé semble être en parfaite forme! La grossesse est aujourd'hui à 12 semaines et 4 jours, soit juste 1 jour de plus que prévu.

27 avril - Bedon prend de l'expansion!

Bedaine grossit à vue d'oeil! J'ai dû refaire ma garde-robe car je n'étais plus confortable du tout dans mes vêtements. Si bébé continue de faire grossir ma bedaine comme ça, je vais devenir ÉNORME!!!

31 mai - Bébé a la bougeote!

Eh oui! Ça fait déjà près de 3 semaines que je sens bébé bouger! Papa Vincent a bien hâte de le sentir lui aussi! Et on a surtout hâte au 7 juin pour l'échographie morpho et savoir enfin si c'est un tit gars ou une tite fille!!!!

7 juin 2007 – Échographie de morphologie

Jeudi dernier, le 7 juin, nous avons vécue une très belle expérience: notre 2e rencontre avec bébé (à son insu...). L'échographie était tôt le matin, à 7h45 à l'hôpital Pierre-Legardeur. J'ai dû retenir mon pipi du matin, faire 30 minutes de route et attendre plus de 30 minutes dans la salle d'attente! Ça a été plutôt difficile, surtout que j'ai même pris une autre bouteille d'eau dans la voiture...

On a enfin appelé mon nom et on s'est rendu dans la petite salle des

échos papa Vincent, grand-mère Hélène et moi. Grand-papa Mario a dû attendre dans la salle d'attente pendant près d'une heure! Et quelle heure! Pendant environ 30 minutes, la très sympathique technicienne a bien examiné tous les petits organes de bébé et nous a bien décrit ce qu'elle voyait. Je ne sais pas trop pour quelle raison exactement, mais c'était beaucoup plus émouvant qu'à la première écho de 12 semaines! Vincent et moi, on a essayé de voir si bébé avait un petit pénis, mais la technicienne ne passait pas dans ce coin-là très souvent... Un moment donné, Vincent m'a demandé: "As-tu vu quelque chose?" J'avais vu, mais je voulais attendre que la technicienne nous confirme. À la fin, elle nous demande: "Voulez-vous savoir le sexe?" OOOOUUUUIIIIIII!!!!!!!!

On avait bien vu! On a ensuite attendu assez longtemps pour le médecin et elle était très gentille elle aussi. Elle a confirmé pour le sexe de bébé et...

C'est une petite fille!!!! Une petite Lili-Jeanne qui nous a fait un coucou de la main! Oui! Oui! Les 2 petites menottes de chaque côté de la tête, elle en a agité une l'air de nous faire salut! Le médecin l'a trouvé bien drôle! Et nous ben... on était éblouis! hihihi! Nous sommes sortis de là dans un état un peu indescriptible, Vincent encore plus impatient de la voir, il n'arrive pas à croire qu'il faut encore attendre 4 mois! Il était aussi un peu surpris d'apprendre qu'il allait bientôt tenir une petite fille à son papa dans ses bras... il faut dire qu'il avait le feeling "gars" pas mal!

Elle est en pleine forme, elle gigote beaucoup! Et elle a fait plaisir à son papa vers la fin de l'échographie: elle était bien arquée vers l'arrière... il en a déduit que ce sera une excellente parachutiste! Ha!ha!ha!

14 juin 2007 – Papa t’a senti bouger

Jeudi soir, 14 juin, maman s’asseoit devant la télé, les mains bien accotées sur la bedaine, et regarde Musique Plus… c’est un vidéo des 3 accords. Tout à coup, je reçois un gros coup dans le creux de la main. Il est 9h30. Papa est à côté de moi alors vite! Vite! Je lui dit de mettre sa main… 3 fois, tu lui a donné des coups dans la main, entre chacun de mes éclats de rire. Tu as l’habitude de bouger dansle bas de mon bedon, c’était la première fois que j’avais de gros coups par en haut.

6 juillet 2007 – Fête de maman


Pour ma fête, nous sommes allés à Québec. Tu as donné de petits coups à papa, mais aussi à cousine Florence et à tante Loulou.

27 Juillet 2007 - Écho 3D

Rendez-vous à 9h chez Procréa à Montréal. Quelle expérience! Nous sommes 5 dans la salle; ton arrière-grand-mère Jeanette et tes grands-parents Hélène et Mario nous accompagnent. Papa et moi nous tenons la main et la technicienne nous montre ta binette sur les écrans… nous avons cessé de respirer! TOUS! C’est toi! Tu es toute petite, dans mon bedon depuis 27 semaines et 5 jours et nous regardons ton visage, tes mains, tes jambes, tes petits pieds… Nous avons de beaux souvenirs en photos et sur DVD, mais maintenant, comme notre impatience de te tenir dans nos bras a grandie!

18 Août 2007 - Shower Mères & Cie

Ma belle Lili-Jeanne, tu n'es pas encore née et tu es déjà très chanceuse! Tu as gagné une bourse d'études au shower Mères & Cie! Le plus gros prix de la soirée après celui de "Maman de l'année" que la belle Stéphanie, maman de l'ange Zoé, a gagné. La présentation de son vidéo m'a tiré quelques larmes même si je connaissais déjà son histoire pour l'avoir lu sur un forum...


Septembre 2007 - Session photo!

Slipped Away

Plusieurs chansons me font penser à toi, à ton départ précipité. en voilà une que j'aime beaucoup écouter, d'Avril Lavigne:

I miss you

I miss you so bad
I don't forget you
Oh it's so sad
I hope you can hear me
I remember it clearly

The day you slipped away
Was the day I found
It won't be the same
Oh
Na na
Na na na na na
I didn't get around to kiss you
Goodbye on the hand
I wish that I could see you again
I know that I can't
I hope you can hear me
I remember it clearly

I've had my wake up
Won't you wake up
I keep asking why
I can't take it
It wasn't fake
It happened you passed by
Now you're gone
Now you're gone
There you go
There you go
Somewhere I can't bring you back
Now you're gone
Now you're gone
There you go
There you go
Somewhere you're not coming back

The day you slipped away
Was the day I found it won't be the same noo..
The say you slipped away
Was the day that I found it won't be the same oooh...
I miss you

Pour voir le vidéo et écouter la chanson:

http://www.youtube.com/watch?v=uEvnOXticUw


mardi 29 janvier 2008

Me voilà!

Alors me voilà!
J'avais déjà commencé à écrire un blog en quelque sorte sur la page msn, mais bon, je n'avais pas beaucoup de visiteur avec les contraintes qu'il y a là-dessus. Je m'essaie donc ici.
Depuis toujours, enfin du plus loin que je me rappelle, j'écris! Si vous voyiez la quantité de journaux intimes qu'il y a quelque part dans une boîte de carton au sous-sol... alors maintenant, je sauve la planète et j'écris virtuel! Quoiqu'il y a encore une partie de moi qui n'est pas complètement prête à abandonner son crayon et à ouvrir complètement son coeur à tous. Je continue donc à griffoner quelques mots, la plupart adressés à ma petite beauté ailée.
J'utiliserai ce blog comme un exutoire à mes états d'âmes qui, je vous préviens, ne sont pas de tout repos depuis que nous sommes devenus orphelins de notre bébé... je ne sais pas quel mot utilisé car comme me la si bien souligné une amie, il n'existe pas le bon mot!
Aussi, comme mes nuits sont plutôt agitées et que j'arrive difficilement à trouver le sommeil, je devrais en avoir des choses à raconter!

La naissance de ma fille

15 Novembre 2007

Ma petite Lili-Jeanne, ma petite boule d’amour, ma grande source de bonheur tant désirée, voici l’histoire de ta naissance…

Tu es sortie de mon ventre il y un mois; j’hésite entre le déjà un mois et le cela ne fait qu’un mois Depuis ton départ, tout est si confus, tout est si flou que même le temps qui passe, je n’arrive plus à déterminer à quel rythme il le fait!

Nous t’attendions pour le 22 octobre 2007, mais depuis quelques semaines, je croyais que ta naissance serait le 15 octobre. Une intuition… Le 14 octobre au déjeuner, tu as eu le hoquet. J’en ai fait la remarque à ton papa. Cette journée-là, ta tante Catherine, aidée de ton papa, m’avait préparé un petit shower de bébé. Il y avait donc plein de monde dans la maison pour célébrer ton arrivée imminente. Toute l’après-midi, pendant que les invités nous cuisinaient de la bonne sauce à spaghetti, nous t’avons trouvé plutôt tranquille. Mais comme j’avais plusieurs contractions, les filles me disaient que c’était normal, que c’était signe que tu t’en venais! Toutes excitées, nous nous sommes mises à chronométrer les contractions. Pendant une heure juste avant le souper, j’en ai eu aux 5 minutes! Youhou… C’est bien vrai, c’est pour bientôt! Puis, les contractions se sont calmées.

Nous soupons, puis les gens quittent assez tôt, après tout, c’est dimanche… Il ne reste que grand-mère Mimi, Julie de Ste-Julie et Julie de L’Épiphanie quand Julie de Ste-Julie a une demande spéciale : « Moi je pars pas d’ici tant que je n’ai pas senti bouger ta fille! » Ok, alors on fait tout pour te faire bouger : le sucré, le froid, la musique sur le bedon, je m’étends sur le côté gauche; rien n’y fait. Déçue, Julie de Ste-Julie s’en va en se disant que ce n’est que partie remise puisque tu va sortir de cette bedaine d’un jour à l’autre! Un peu inquiète, je réalise qu’il est déjà 9h30 et que tu n’as pas bougé; c’est ton heure ou tu fais habituellement bien des pirouettes! Ton père t’appelle sa petite danseuse tellement tu bouges beaucoup le soir! Ta grand-mère croit que nous ne devons pas nous inquiéter et ton papa et moi, on reste positifs. Tu es probablement seulement tournée ou descendue, on ne sait pas trop! Je prends un bain pour te donner une dernière chance de nous faire un petit signe qui n’arrive pas, puis nous nous dirigeons vers l’hôpital après un bref appel à tante Denise pour avoir son avis. Il est 22h00.

C’est plutôt tranquille sur l’étage de la maternité. Je suis seule dans la salle de triage. L’infirmière met son truc pour le petit cœur sur mon ventre. À droite, au centre, à gauche… elle prend mon pouls… Mais qu’est-ce qu’elle fait? Elle nous dit qu’elle est nerveuse et qu’elle va chercher une autre infirmière. On se regarde ton papa et moi et, ne voulant surtout pas imaginer le pire, on se dit : « elle est nouvelle !».

Elle revient 10 minutes plus tard avec un docteur et une machine d’écho. Je regarde mon chum l’air de dire : « Devons-nous commencer à nous inquiéter? ». Il me fait signe que non. Je tiens sa main. Je semble voir sur le moniteur un petit cœur qui n’a aucune activité… mais ça ne peut pas être ça; de toute façon, moi, je n’y connais rien! Et puis, la docteure ouvre enfin la bouche : « Ce ne sont pas de bonnes nouvelles… » Je sers la main de ton papa beaucoup plus fort. Une petite seconde silencieuse s’écoule mais j’imagine toute sorte de possibilités suite à cette phrase; je pense que tu es malade, en détresse, que tu as un problème qu’ils n’avaient pas vu aux échographies précédentes, mais jamais je veux penser à ce qui va tomber ensuite et me déchirer l’âme de nouvelle petite maman que je devenais : « …son petit cœur a arrêté de battre! ». J’ai serré encore plus fort la main de ton papa qui ne semblait pas comprendre. Il a regardé mes yeux, vu mes larmes, et il a entendu à retardement… Puis, nous nous sommes effondrés!

Notre docteure est venue nous voir. Elle n’y croyait pas elle non plus; nous nous sommes vu jeudi dernier, il y à peine 3 jours, et ton petit cœur battait très bien! On nous a assigné une chambre, nous avons pleuré, pleuré et pleuré encore.

Nous avons contacté nos familles. Tante Denise s’est chargé d’annoncer la triste nouvelle à tes grands-parents Hélène et Mario. Ils se sont immédiatement dirigés vers l’hôpital, en pleine nuit, malgré les 5 heures de route qu’ils avaient à faire. Ils avaient si hâte de te rencontrer, ils ne voulaient surtout pas manquer les quelques heures que tu pourrais partager avec nous. Tante Catherine a appelé tes grands-parents Guy et Mimi.

Le lendemain, j’avais la pire et la plus belle journée de ma vie à affronter! Quelle chao d’émotions! Tôt le matin, on m’emmène pour une amniocentèse. Moi qui avait peur des aiguilles! Mais avec cette immense douleur à l’âme que je ressens, la douleur physique n’a plus aucun sens. Ensuite, Hélène et Mario ont passé du temps avec nous à la chambre. On m’a fait des prises de sang; plusieurs piqûres en raison de mes veines fuyantes et plusieurs tubes pour tous ces tests qu’ils vont faire pour essayer de comprendre. Mes eaux ont été crevées vers 11h30. Je suis dilatée à 2 cm. Ensuite, pour accélérer le travail, on m’a mis sous pitocin. J’ai demandé l’épidural et je l’ai eu vers 13h40. Le travail s’est déroulé assez rapidement. Vers 14h00, Guy et Mimi sont arrivés avec ta tante Catherine et ton oncle Martin. Je suis couchée et je tremble beaucoup, comme si j’avais très froid. À 15h15, je suis déjà dilatée à 8 cm. À 16h35, ils nous laissent ton papa et moi car il est déjà temps de pousser.

Je panique, j’ai peur, je ne veux pas! Et s’ils se trompaient, et si tu étais vivante? …dernier espoir d’une mère désespérée qui sait qu’elle a tort, mais qui paierait si cher pour avoir raison! POUSSE! Comment seras-tu mon bébé? D’accord, l’infirmière nous l’a expliqué; nous avons été assez rapides donc le bébé sera sans doute encore rose, mais avec les lèvres plus foncées… Et si elle se trompait? Si moi je me trompais? Si ça faisait plus longtemps que ça que tu étais partie? Mais non… je me rappelle bien de ton hoquet de dimanche matin! Mais alors, qu’est-ce qui s’est passé ce dimanche-là pour que ton cœur cesse de battre? POUSSE! Pousser? Je n’en ai aucune envie! Et puis, je suis crevée! Je n’ai pas dormi de la nuit, j’ai tellement mal à mon cœur en miettes… je ne veux pas pousser! Et puis, pousser pour quoi? Pour voir ma petite fille sans vie? Souffrir encore un peu plus physiquement et ne pas avoir la récompense tant attendue ces 9 derniers mois? Sans entendre le cri de vie de notre petite fille si désirée, cette petite toi et moi source du grand bonheur que nous vivons depuis que nous comptons à rebours les jours qui nous restent avant de la tenir dans nos bras? POUSSE! Oui d’accord, je me tiens après ces barres chaque côté du lit et je me lève en poussant. Ton papa m’aide en soutenant mon dos. Il a peur lui aussi, mais il reste fort pour moi. Après ces 3 poussées sans ardeur aucune, je commence à me dire que peu importe l’intensité que j’y mets, il faudra bien que tu finisses par sortir de mon ventre. Si je continue à ne pas pousser pour vrai, ce sera plus long! Et puis, ça commence à faire plus mal… POUSSE! Ok, j’y vais! J’ai peur! L’infirmière tente de me rassurer. Mon chum me met de la glace dans la bouche; j’ai tellement soif! POUSSE! Mon chum m’encourage. Je sens ta tête descendre, tu t’en viens! Je suis déchirée entre la peur et l’envie de te voir. Combien de fois t’avons-nous imaginé? À qui ressembleras-tu? Seras-tu belle même si la vie t’a quitté? POUSSE!!!

Il est 17h18. Tu es née. Tu ne cries pas. C’est le silence dans la chambre, ou presque… ton papa coupe ton cordon. Il pleure. Je ne sais plus ou je regarde, je perds le fil quelques instants. Je crois que c’est un peu la panique dans ma tête. L’infirmière t’emmaillote et te dépose sur moi. Tu es toute chaude. Je pose enfin les yeux sur toi et… c’est magique! Tu es si belle! Tout cet amour que je portais pour toi, je le sens me brûler, me transporter! Je t’admire et je t’aime pendant quelque temps ou les minutes ne se comptent pas. Ton père sourit les yeux et le visage pleins d’eau. Nous vivons tant d’émotions contradictoires; ses yeux crient à l’injustice et à l’amour qu’il te porte lui aussi.

Ta grand-mère Hélène est impatiente de te voir. Lors de ta naissance, elle était dans la chambre, derrière les rideaux. Quand elle entend que tu es là, elle nous lance : « Et puis, est-ce qu’elle est belle? ». Dès que le travail de la docteure est terminé et qu’elle nous quitte, je dis à Hélène qu’ils peuvent tous nous rejoindre.

Ils sont tous là et te regardent. Ils te trouvent belle! Si belle… Tu as beaucoup de cheveux! Des cheveux ondulés, châtains foncés. Ils sont si doux… Tu as un tout petit nez! Si petit que ton père dit que la pompe pour aspirer les sécrétions n’aurait jamais pu entrer dans tes narines! Tu es grande, tu as de grandes jambes et les grands orteils à ton papa! Tu as aussi ses belles lèvres et son menton avec un petit creux sous la lèvre inférieure. Nous t’avons observé pendant des heures!

Un aumônier est venu et il t’a ondoyé. Nous avons fait une cérémonie qu’il appelle La cérémonie des Anges. Nous t’avons fait le signe de croix sur le front avec de l’eau bénie. Nous nous sommes tous recueillis quelques minutes pour ton âme qui nous a quitté beaucoup trop tôt.

Avant de partir, grand-mère Hélène, grand-père Mario et grand-mère Mimi ont pris soin de toi; ils t’ont pris dans leur bras, t’ont bercé doucement, t’ont donné des bisous… j’ai même vu que grand-père Mario t’a soufflé quelques mots et t’as chanté une berceuse. C’était si touchant de te voir comme ça dans les bras de mon papa. Quand ils sont partis, nous avons remplis nos yeux et nos bras de toi.

Dans la soirée, une infirmière nous a proposé de te mettre un petit pyjama. Lequel choisir? Dès que ton papa m’a suggéré la petite jaquette rose des jumelles, j’ai su que c’était ce que tu allais porter. Facile à mettre, mais surtout, un petit morceau de vêtement qui a une histoire! Il a appartenu à tes grandes-cousines Charlotte et Juliette qui ont aujourd’hui 21 mois et avec qui tu te serais sans doute bien amusé! Après avoir fait tes empreintes de pied et de main, l’infirmière t’a donc mis cette petite jaquette avec grand soin et nous t’avons encore serré fort contre nous. Lorsque la nuit est arrivée, nous avons décidé de te laisser partir avec l’infirmière. Nous avions l’intention de te revoir le lendemain matin, donc c’était mieux comme ça.

La nuit a été horrible! Vers 3h00, j’ai entendu des cris de bébé qui m’ont réveillé! Mon corps était programmé pour prendre soin de toi. Quand il a entendu ce bébé, il a cru, quelques instants, que ça pouvait être toi. J’étais complètement désorientée quand je me suis réveillée. J’entendais ce bébé, je ne savais plus ou j’étais, était-ce mon bébé qui avait besoin de moi? Quand la réalité m’a rattrapée, j’ai senti tout le vide qui m’habitait; ton absence me faisait souffrir, la douleur avait pris place toute entière dans mon ventre. Je me suis mise en boule et j’ai sangloté. Ton père a tenté de venir me consoler, mais c’est un peu difficile de tenir à deux dans ces petits lits d’hôpital. Il m’a serré fort dans ses bras et je ne sais par quel miracle, il a fini par réussir à me calmer.

Mardi matin, dès notre réveil, nous avons appelé l’infirmière pour qu’elle te ramène à nous pour une dernière fois. Nous voulions passer l’avant-midi avec toi puis aller rejoindre le reste de ta famille dans l’après-midi. Nous t’avons bercé, nous t’avons parlé, nous t’avons serré dans nos bras, nous t’avons photographié et regardé encore et encore. Ton visage, tes mains, tes pieds… Les minutes passaient et nous n’arrivions pas à nous résigner à partir. Finalement, vers 15h00, nous avons demandé à l’infirmière qu’elle te ramène avec elle. Nous avons dû te faire nos adieux. C’était si difficile! Nous t’avions tant de fois imaginée dans nos bras! Jamais nous n’aurions cru que tu n’y serais que quelques heures et sans vie. Ton père me disait : « Tu l’as porté pendant 9 mois, c’est moi qui la porterai les 9 prochains mois! ».

L’infirmière nous a apporté tes petits souvenirs dans une boîte; ton pyjama, ta tuque et tes petites pantoufles de laine, ta pince pour le cordon, ton bracelet et quelques mèches de tes cheveux. Si peu… Nous avons quitté la chambre les yeux baissés afin d’éviter de voir les autres bébés gigotant et criant toute leur vie par leurs petits poumons. Nous avons quitté l’hôpital le ventre et les bras vides. En quittant la maison ce dimanche soir, 14 octobre 2007, je me suis bien demandé si je reviendrais avec mon gros bedon ou bien avec toi, notre petite Lili-Jeanne, dans les bras. Jamais je n’aurais imaginé que tu ne reviendrais pas avec nous et que nous aurions à te faire nos adieux. Que je ne ramènerais qu’une petite boîte contenant tes souvenirs…

Depuis ton départ, nous t’avons présenté à tous ceux qui t’attendaient. Pas de la manière dont nous l’avions rêvés, mais nous l’avons fait quand même. Nous avons montré tes photos, nous en avons de très belles, et tes souvenirs. Nous parlons de toi, de la grossesse que tu nous as fait vivre. Lors de ta naissance, grand-maman Rosanne était en voyage et ta marraine et ton parrain ont été retenus au Saguenay. Ils t’ont donc connu grâce aux photos et à ce que nous avons dit de toi.

Je continuerai d’écrire ton histoire; celle de ces 9 mois pendant lesquels tu as habité mon ventre et pendant lesquels nous nous sommes préparés à devenir de bons parents pour toi.

Nous espérons toujours fonder une famille ton papa et moi. Je dirais même que depuis ton passage dans nos vies, ce désir est de beaucoup amplifié! Je peux te promettre que nous tous qui t’aimons tant, nous perpétuerons ta mémoire; que tes petits frères et tes petites sœurs sauront qu’ils ont une grande sœur qui veille sur eux et je leur raconterai ton histoire.

Je t’aime ma Lili-Jeanne,

Maman Marie-Eve