mercredi 9 avril 2008

J'ai enfanté un ange

Depuis que je participe au groupe de soutien pour le deuil périnatal, que je lis les témoignages sur Nos Petits Anges au Paradis et que je parcours différents blogs, je constate que beaucoup de mamans dont le bébé est mort in utero disent qu’elles ont « donné la mort » plutôt que la vie. Cette phrase, la première fois que je l’ai entendue, elle m’a vraiment choquée. Cette façon d’exprimer ce que j’ai vécu ne m’avait jamais effleuré l’esprit et même après l’avoir entendu, je ne voulais pas me résigner à utiliser cette phrase qui sonne trop cruelle pour une mère, qui donne une certaine responsabilité qui ne m’appartient pas. Je me sens tellement impuissante devant la mort de ma fille, je ne peux me résoudre à simplifier ce qui s’est passé par cette courte phrase. En tant que maman de Lili-Jeanne, ce que je lui ai offert, c’est la vie. Et, comme toute les mères j’en suis certaine, j’espérais qu’elle soit longue et belle! La nature, le destin ou Dieu, appelez ça comme vous le voulez, a fait que lorsqu’elle est née, cette belle vie que je lui avais promise lui avait déjà été enlevée, mais ce n’est pas moi qui lui ai donné la mort!

Puis, je ne me souviens plus où (mais ça n’avait rien à voir avec le deuil périnatal), j’ai lu que chaque mère qui donne la vie à un enfant lui donne par le fait même la mort puisque c’est l’aboutissement ultime de toute vie. Ça m’a soulagé. Le fait de « donner la mort » ne revêtait alors plus le sens cruel et défaitiste que je lui ai attribué lorsque j’ai entendu une maman en deuil le dire. La mort elle-même devenait partie intégrante de la vie. Je le savais déjà, mais j’ai tendance à en faire abstraction. Tout le monde meurt, mais tout le monde a aussi la chance de vivre plus que 9 petits mois dans le ventre de sa maman… règle générale dont il existe malheureusement ô combien de tristes exceptions!

Dans son livre Marie-Kerguelen (que je recommande aux mamans en deuil), Gaëlle Brunetaud a écrit « J’ai enfanté un ange ». Je trouve cette façon de dire que notre enfant est décédé avant même de naître tellement plus jolie!

Alors voilà : j’ai enfanté un ange.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

De là l'importance des mots... je ne me souviens plus qui l'a dit non plus, mais il m'apparaît clair qu'ils démontrent comment nous réfléchisson;un vrai reflet de nos perceptions.
Ta façon appelle à la douceur de votre fille et à son éternelle beauté!
CathXX